Lydia Jardon

Chopin

26 Preludes

Lydia Jardon, piano

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Détails

1. 24 Préludes op. 28
2. Prélude opus 45 en C sharp minor
3. Prélude sans opus en A flat major

Enregistrement les 7 et 8 Avril 1998
AR RE-SE 2001-2

Les Préludes de Chopin (1836-1839)

« J’avoue que je ne comprends pas bien le titre qu’il a plu à Chopin de donner à ces courts morceaux : Préludes. Préludes à quoi ? », se demande André Gide dans ses fameuses Notes sur Chopin. L’auteur de Préludes n’était certes pas le premier à poser cette question, Chopin, de tout temps, ayant singulièrement sollicité la plume et la réflexion des écrivains. Mais il n’est pas assuré qu’en cette matière, aux interrogations rationnelles doivent correspondre des réponses ordonnées. Après tout, un titre n’est qu’un titre, une indication, une orientation, un symbole même davantage qu’une définition littérale. « Ceci n’est pas une pipe », Magritte l’a établi de façon définitive.

Ores donc, les Préludes, ces vingt-quatre pièces les plus dépouillées de leur auteur, que Wanda Landowska pouvait à bon droit décrire comme « un Couperin teinté de romantisme ». Concision dans l’esquisse, véhémence dans l’émotion : les Préludes n’ouvrent sur rien d’autre que sur eux-mêmes, moments extrêmes dans leur intensité, instantanés laconiques d’un état d’âme. Pourquoi en rechercher une autre explication ? Après tout, qu’est-ce que le romantisme, sinon l’exaltation acceptée d’une émotion vitale et exemplaire, universelle aussi bien qu’éternelle ?

C’est l’une des caractéristiques des Préludes que d’avoir donné lieu à toutes sortes de vaticinations, l’un de leurs plus illustres interprètes allait même jusqu’à les affubler chacun d’un titre. Vain exercice, évidemment. Que Chopin en ait achevé la plus grande partie à Majorque, pendant l’une des fréquentes périodes exaltées de sa vie amoureuse, et que ces tumultes intimes en aient affecté le compositeur, nul n’en disconviendra. Mais Chopin a suffisamment combattu l’idée même d’une musique figurative pour qu’on ne décèle pas dans ces pages l’influence de la sinistre chartreuse de Valdemosa, où il séjournait en compagnie de George Sand qui écrira à propos : « Il protestait de toutes ses forces contre la puérilité de ces imitations pour l’oreille ».

La musique pour elle-même, hommage au Clavier bien tempéré de Bach dont Chopin se nourrit, assertions déclinées comme en études ou en nocturnes, en berceuses ou en mazurkas, d’une durée aussi variée que celle des songes éveillés, trente secondes, quatre minutes. Gide a pu parler de leur « épouvantable profondeur », mais Schumann constatait en expert que le compositeur s’y donnait comme jamais, « reconnaissable jusque dans les pauses et les silences ». Et Liszt : « Admirables par leur diversité, le travail et le savoir qui s’y trouvent ne sont appréciables qu’en un scrupuleux examen. Tout semble de premier jet, d’élan, de soudaine venue ».

Les Préludes sous un signe d’eau ? Chopin voyait en rêve, paraît-il, les gouttes de pluie baléare peu à peu le recouvrir. D’où peut-être cette fluidité diluvienne, cette résonance suspendue. Pourtant la liberté de leur composition permet de se les approprier sans glose, sans précaution. Ils appartiennent aussi au voyageur sans bagage.

Olivier Barrot

La presse en parle !

« Ces préludes dénotent une personnalité très affirmée… Chacun témoigne d’un travail du détail très soigné, d’un sens évident du galbe et de la ligne et d’une conception musicale à la fois chaleureuse et vivante : l’unisson du 1er, la voix masquée du 14e, les quintes de la partie centrale du 15e, le glas du 17e sont des détails qui ne trompent pas… … Par son style recherché, Lydia Jardon maintient toujours l’attention et évite largement l’écueil le plus impardonnable dans Chopin : l’indifférence. »

Décembre 98, Étienne Moreau

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